Derrière les portes de cette œuvres, Patrick Raynaud nous confronte à l’image de corps masculins en mauvaise posture. Devenus de simples trophées d’un Barbe Bleue contemporain ou rappelant les « peintures infamantes » (cette phrase de la Renaissance italienne qui consistait à représenter un condamné la tête en bas dans une position grotesque), cinq culturistes sont pendus par les pieds. Le corps du culturiste est travaillé, nourri, gonflé, augmenté afin de faire paraître tous ses muscles dans une érection généralisée. Dans un même mouvement paradoxal, devenu androgyne par son côté lisse et rebondi ; le corps est rendu ici totalement inefficace, inutile et inerte. Un corps devenu viande. A l’heure du paraître, des caissons lumineux publicitaires où toute connotation d’infériorité, de passivité, ou de faille doit disparaître, l’image de puissance de ces corps est alors désactivée par le dispositif, le culture du corps et son image littéralement renversé.
https://expositionsdumoment.wordpress.com/2015/04/10/cochons-pendus-patrick-raynaud-1994/ (19. 10. 2018)